La façon dont nous considérons le cannabis a beaucoup changé au cours des cinq dernières années depuis que l’usage récréatif a été légalisé au Canada. La consommation de cannabis est de plus en plus normalisée et les jeunes âgés de 16 à 24 ans continuent d’avoir le taux le plus élevé d’utilisation du cannabis parmi toutes les catégories d’âge. Bien que les perceptions de la consommation de cannabis aient changé, beaucoup de personnes restent préoccupées par les risques associés entre l’utilisation du cannabis et l’apparition de la psychose et de la schizophrénie, en particulier chez les jeunes. Il y a aussi un appel fort parmi les jeunes pour plus d’informations sur les pratiques d’utilisation plus sûres du cannabis.

Le trouble de l’utilisation du cannabis est le trouble d’utilisation de la substance le plus fréquent chez les jeunes atteints de psychose de premier épisode, ce qui suggère que les personnes atteintes de ce trouble pourraient avoir un risque plus élevé de développer une psychose du premier, surtout si elles utilisent fréquemment des produits avec des niveaux élevés de THC. (Archie, 2021). Les jeunes qui subissent un stress supplémentaire en raison de la discrimination systémique, du colonialisme et des traumatismes historiques et intergénérationnels, comme par exemple chez les Africains, les Caraïbes et les Noirs (ACB) et les communautés autochtones, pourraient également être plus à risque de développer une psychose. (Archie, 2021).

L’opinion courante sur le cannabis est qu’il est relativement inoffensif, cependant, des études lient l’usage du cannabis à l’augmentation des visites aux services d’urgence pour la psychose induite par le marijuana depuis la légalisation. Il est intéressant de noter qu’une étude s’est concentrée sur trois périodes : la pré-légalisation, la post-legalisation avec des restrictions sur les produits et les magasins, et celle qui a suivi la légalisation avec la commercialisation, lorsque beaucoup plus de produits, y compris les aliments alimentaires, et les produits à puissance plus élevée sont devenus largement disponibles. Pendant les premières années des produits contrôlés, l’hospitalisation n’a pas sensiblement changé; cependant, pendant la période de commercialisation, les hospitalisations liées au cannabis ont augmenté, avec un tiers des cas impliquant des individus âgés de 15 à 24 ans et 66% d’hommes (Myran et al., 2022).

En outre, entre 50 et 55 % des jeunes et des jeunes adultes sont renvoyés aux services d’intervention précoce (SIE) pour la psychose par l’intermédiaire des départements d’urgence de l’hôpital (Crocker et al., 2021). Il est important de noter qu’il existe un taux élevé de consommation de cannabis chez les jeunes à la recherche d’une EIS, tant lorsqu’ils reçoivent des soins pour la première fois qu’après un diagnostic. Certaines études ont montré que jusqu’à 50% des consommateurs de cannabis qui ont présenté une psychose induite par le cannabis et sont ensuite hospitalisés vont développer la schizophrénie (Crocker et al., 2021). Enfin, il est important de noter que le risque de développer une psychose augmente avec la consommation quotidienne ou presque quotidienne de cannabis par rapport aux utilisateurs récréatifs. (Di Forti et al., 2019)

Il y a aussi eu une augmentation notable de l’ingrédient actif tetrahydrocannabinol (THC) dans de nombreux produits de cannabis. Les marchés juridiques actuels sont orientés vers des produits avec une forte puissance de THC et une disponibilité limitée d’options équilibrées THC-CBD ou de CBD élevées. En 2022, les niveaux de THC dans le cannabis séché disponibles aux consommateurs de l’Ontario sont en moyenne de 22 %, soit une augmentation par rapport à la moyenne rapportée à Santé Canada de 6 à 10 % avant la légalisation (Tassone et coll., 2023). Plusieurs études ont examiné et corrélé le risque accru de psychose avec des produits THC de puissance plus élevée (Di Forti et al., 2009 , 2013; Murray et al., 2016).

Enfin, les questions qui entourent le cannabis et la psychose, ainsi que les changements qui ont suivi la légalisation, constituent un domaine de recherche émergent, tant au Canada que dans de nombreuses autres juridictions où des changements législatifs ont lieu. Un autre objectif important de la recherche et de l’action est de mieux comprendre les expériences des jeunes en matière de consommation de cannabis, des moyens efficaces de lutter contre la stigmatisation et de réduire les dommages, et des approches visant à engager des jeunes divers dans la promotion d’approches équilibrées en matière d’éducation au cannabis qui reflètent la réalité de leur vie.

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